Ce Casanova était un imposteur


Raul Siqueiros connaît bien Facebook. Il met souvent à jour sa page personnelle et, en tant qu’agent immobilier, il gère également sa page d’entreprise pour attirer de nouveaux clients.


Il est un homme sociable. Mais il n’avait aucune idée à quel point il pouvait être sociable et populaire, jusqu’à ce qu’une femme communique avec lui. Puis une autre, et encore une autre. Finalement, plus de 50 femmes ont communiqué avec lui, posant toutes la même question : S’agit-il de l’homme que j’ai fréquenté en ligne?


Quelque part, un arnaqueur avait élaboré un plan ingénieux : À l’aide d’un « bot social » – logiciel qui semble être une personne sur les réseaux sociaux – l’arnaqueur avait créé un profil sur plusieurs sites de rencontre dans tout le pays. Non seulement le profil utilisait-il le nom de Raul, mais il comportait également des photos de lui et de sa famille, ainsi que des détails personnels sur sa vie. Certaines des femmes qui ont répondu au faux profil étaient si captivées qu’elles ont accepté d’envoyer de l’argent à celui-ci par Western Union. L’une d’entre elles était sur le point de le rencontrer en personne.


Il ne s’agissait pas d’un jeu de séduction.


« J’étais abasourdi », a déclaré M. Siqueiros. « Je ne pouvais pas croire que ça se produisait; que quelqu’un utilisait mon nom et des photos de moi et de ma famille pour nuire à ces femmes. »


Chaque année, des milliers d’hommes et de femmes sont victimes d’arnaques sentimentales. Trompés par des promesses d’amour et des histoires tragiques, ils envoient souvent de l’argent à leurs arnaqueurs. L’Internet Crime Complaint Center (IC3) du Federal Bureau of Investigation (FBI) indique que les victimes d’arnaques sentimentales ont perdu plus de 56 millions $ en 2012, et que ce chiffre est probablement plus élevé, puisque plusieurs victimes sont trop embarrassées pour porter plainte.


Aujourd’hui, grâce aux bots sociaux, il est devenu plus facile pour les bandits de commettre ces crimes sentimentaux.


« Ils disposent d’une plus grande plateforme pour réaliser ces types d’arnaques et ils peuvent coder un programme afin d’automatiser et de réduire les coûts d’exécution de leurs attaques », a déclaré Filippo Menczer, chercheur principal de Truthy, un programme de recherche de l’Université de l’Indiana qui fait le suivi des bots et des tendances de Twitter. « Au moyen d’un bot social, ce groupe en particulier serait en mesure de communiquer avec environ 100 000 personnes par jour au lieu de 1 000 personnes. »


Les victimes


M. Siqueiros a remarqué que plusieurs des femmes qui ont communiqué avec lui à propos de la fraude relative aux sites de rencontre étaient plus âgées et qu’elles avaient une expérience limitée avec les réseaux sociaux et Internet. Cela correspond aux statistiques nationales de l’IC3, qui indiquent que les femmes de 50 ans et plus sont les plus grandes victimes des fraudes sentimentales en ligne. De plus, les femmes utilisaient des sites de rencontre moins connus d’envergure régionale.


Et, bien entendu, M. Siqueiros était également une victime. Bien qu’il n’ait pas cru à la fausse déclaration d’amour d’un arnaqueur, son identité a été volée et utilisée à mauvais escient en ligne. Il a communiqué avec tous les sites de rencontre et a demandé que les profils qui utilisaient son nom et ses photos de famille pour cibler des victimes soient fermés. Maintenant, lorsqu’on recherche son nom sur Internet, on trouve des images avec des filigranes indiquant « Fake » (faux).


« C’est embêtant, car je dois expliquer que je ne suis pas un arnaqueur la première fois que je rencontre des gens pour le travail », a indiqué M. Siqueiros.


Comment tout a commencé


Un peu de recherche a permis de révéler que les problèmes de M. Siqueiros ont commencé sur Facebook. Toutes les photos utilisées dans les faux profils ont été prises dans son réseau social durant une période précise après que M. Siqueiros a ajouté une personne du travail comme ami.


« Je fais toutes les choses qu’on ne doit pas faire sur les réseaux sociaux : j’indique où je me trouve, tous les déplacements que je fais, ce genre de trucs », a-t-il révélé. « Si quelqu’un était associé à l’immobilier ou démontrait de l’intérêt pour l’immobilier, j’acceptais sa demande d’amitié. »


M. Siqueiros s’est retrouvé avec des centaines d’amis qu’il n’avait jamais rencontrés en personne, incluant l’arnaqueur qui a volé son identité. M. Siqueiros a découvert qu’il avait accepté sa demande d’amitié parce cet homme et lui partageaient un ami commun sur Facebook. « Mais quand j’ai communiqué avec l’ami commun, il a réalisé qu’il ne l’avait jamais rencontré en personne. »


Une fois que M. Siqueiros a fait le ménage de sa liste d’amis et supprimé le présumé arnaqueur, les appels de femmes inquiètes ont diminué.


Comment se protéger


Si les rencontres en ligne vous intéressent, les experts recommandent de vous limiter aux sites de rencontre reconnus à l’échelle nationale. Selon le FBI, vous pouvez repérer un arnaqueur de site de rencontre en ligne si la personne :


1. Vous demande de quitter le site Web de rencontre où vous vous êtes rencontrés et de communiquer par courriel personnel ou par messagerie instantanée;

2. Avoue des sentiments amoureux immédiats;

3. Vous envoie une photo d’elle-même qui ressemble à une photo élégante de magazine;

4. Prétend être américaine, mais être en voyage ou travailler à l’étranger;

5. Planifie de vous rendre visite, mais est ensuite incapable de le faire en raison d’un événement tragique; ou

6. Demande de l’argent pour diverses raisons (voyage, urgences médicales, factures d’hôtel, factures d’hôpital pour un enfant ou un proche, visas ou autres documents officiels, pertes dues à des difficultés financières ou à un crime dont elle a été victime).


Pour éviter de vous retrouver dans une situation comme celle de M. Siqueiros, adoptez des habitudes sécuritaires sur les réseaux sociaux. Limitez l’information que vous partagez. Tenez-vous au courant des politiques de confidentialité. Soyez très prudent lorsque vous interagissez avec des gens que vous ne connaissez pas.


« Cette expérience a été un gros signal d’alarme », a déclaré M. Siqueiros. « Mon conseil aux gens est le suivant : cela peut vous arriver à vous aussi, alors soyez prudent, surtout sur Facebook. »

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